Un émouvant sauvetage

Un agent de police nommé Ney, de service sur le quai du canal de l’Ourcq, à Aubervilliers, avait été frappé par les allures étranges d’une femme qui, portant un enfant dans ses bras, allait et venait comme une égarée.

Soudain, cette malheureuse se dirigea rapidement vers le bord du canal.

L’agent ne l’avait pas perdue de vue et s’empressa de courir à elle. Mais, déjà, la femme s’était précipitée dans l’eau avec son enfant.

N’écoutant que son courage, l’agent plongea aussitôt tout habillé.

Une centaine de personnes, témoins du drame, s’étaient amassées sur le quai ; elles assistèrent avec angoisse aux péripéties de cet émouvant sauvetage.

Bientôt, l’agent apparut à la surface de l’eau, tenant la femme d’une main, nageant péniblement de l’autre ; mais ses mouvements furent paralysés par la désespérée, qui se cramponnait a lui. Il ne pouvait, en dépit de ses efforts, regagner la rive.

A ce moment, un marinier du nom d’Emile Guyot, âgé de vingt-neuf ans, se jeta résolument à l’eau pour porter secours à ceux qui allaient périr.

Il était temps ! Grâce à cette courageuse intervention, l’agent Ney put enfin regagner le bord, sans avoir abandonné ni la mère ni l’enfant.

Une chaleureuse ovation de la foule salua les héroïques sauveteurs.

La femme, nommée Eugénie G*** et son enfant furent rappelés à la vie.

Interrogée sur les motifs clé sa tragique détermination, M^me Eugénie G*** éclata en sanglots et raconta qu’elle avait perdu récemment son fils aîné, âgé de quatorze ans. Celui-ci s’était noyé dans le canal, à l’endroit même où .la pauvre mère venait de se jeter. Elle n’avait pu se consoler de cette perte cruelle.

– J’ai voulu aller le rejoindre ! déclara-t-elle,

A diverses reprises, la malheureuse femme avait manifesté son intention de se donner la mort.