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C’est seulement avec la démolition de la tour Barbeau et de la muraille de Charles V, au début du XVIIe siècle, que la partie amont du bras Marie, jusqu’alors isolée de la Ville par ces constructions, va prendre une grande importance commerciale liée au développement du port Saint-Paul qui prolonge vers l’amont le port de Grève.

Les bateaux avalants chargés y parviennent « sur nage » par la traverselle Saint-Paul. Les bateaux montants suivent le même chemin, halés par des chevaux marchant Ru la rive extérieure de l’île Louviers. Après quoi s’effectue la traversée du Grand Bras jusqu’au chemin de halage de la rive droite.

L’île Louviers est la troisième île de l’archipel parisien, celle de l’amont. Sa pointe aval décroisse légèrement la pointe amont de l’île Notre-Dame dont elle est séparée par la traverselle Saint-Paul. Sa pointe amont se trouve à faible distance de l’origine du bras fossile. Elle est séparée de la rive droite terrestre par un bras étroit dit « du Mail », de « l’Arsenal », « Grammont » ou « Louviers ».

L’île Louviers vue d’amont. Gravure de 1736

Description de la gravure : La ville vient d’acheter l’île pour y aménager un vaste dépôt de bois à brûler amené par flottage. Pour cela, elle a construit l’estacade de protection, remblayé la surface de l’île pour la régulariser, curé le bras Louviers et construit le pont Gramont. Cela explique la régularité des berges du bras. En revanche, le rivage du Grand Bras est resté dans son état naturel, avec une large grève en pente douce. À l’arrière-plan à droite, le pont Gramont sur pilotis de bois, avec sa culée de maçonnerie. L’estacade, au premier plan à gauche, est destinée à protéger le bras contre la débâcle printanière des glaces hivernales, extrêmement dangereuse pour les bateaux de bois. La présence d’une végétation arbustive, nettement représentée par l’artiste sur les talus des berges remblayées du bras, indique que l’action érosive du courant des hautes eaux hivernales ne se manifeste plus à cause de la présence de l’estacade. Nous sommes en été ou au début de l’automne, comme l’attestent les bateaux de foin. Les eaux sont basses; cependant les bateaux, vides il est vrai, sont garés dans le bras; d’autres y circulent: la profondeur y est donc encore suffisante. Les tas de bois encore modestes atteindront rapidement des hauteurs impressionnantes.

Le port Saint-Paul et l’île Louviers au milieu du XVIIIe siècles. Peinture de Demachy

Description du tableau : De gauche à droite : le couvent des Célestins avec un grand tas de pavés de grès provenant de fontainebleau ; le pont Gramont dont les bois sont passés au goudron végétal ocré ; l’île Louviers avec ses hauts « théâtres » de bois flottés (la rive extérieure de l’île est une berge abrupte qui témoigne d’un travail d’érosion intense). La grande Estacade n’est pas encore construite. À la pointe de l’île Saint-Louis, un bateau pourvu d’une vaste construction avec terrasse et fenêtres dont nous ignorons l’usage. Les bateaux stationnés au port Saint-Paul sont des coches d’eau d’une architecture particulière qui ne nous sont pas connus que par ce document ; à droite, un bateau « marnois » en cours de déchargement avec son gouvernail (inachevé par le peintre). Sur le rivage, des tonneaux, des caisses et des ballots.